Contexte synthétique :Diabète découvert à l'âge de 16 ans, un mois après une chute sévère en ski (KO durant 30 minutes). Terrain familial "favorable"

1 mois après, le diabète arrive. Impossible de passer au travers car avec environ 9g/l de glycémie à mon arrivée à l’hôpital, je n’étais pas vraiment flambard (mais je marchais au très grand étonnement de la chef de clinique qui m’attendait).
S’ensuivent des années assez difficiles à gérer tant du point de vue diabète lui-même que du point de vue impact de l’apparition de la maladie en général et sur la scolarité. Il faut aussi dire, un peu à l’image de mattdll qui a employé des termes « un peu forts » sur l’autre sujet, que l’on m’a "gentiment" :roll : parlé dans les premières semaines du fait que l’on devient aveugle, que l’on a beaucoup de risques cardio-vasculaires, que l’on devient impuissant, que l’on a des problèmes rénaux, que l’on doit souvent amputer, etc, etc... Brut de décoffrage

! Il y a du vrai dans tout cela mais bon face à un gars de 16 ans qui vient de basculer dans sa vie, c’est pour le moins très moyen on va dire… (et c’est aussi pour cela que j’ai été moi aussi quelque peu ferme envers mattdll

). Bref, l'un dans l'autre, je démarre mon diabète avec une peur-panique des hypoglycémies. Et je me souviens encore de la 1ère injection que j'ai du me faire à la maison en rentrant. Tout allait bien à l'hosto mais là... Et surtout, je ne voulais pas montrer ma difficulté à mes parents qui étaient déjà bien meurtris
Face à l’instabilité forte de mon diabète (HbA1C à plus de 12% malgré tous les efforts du monde pour arriver à réguler

), très tôt, on me parle de pompe. D'autant que ce diabète impacte pas mal mes années de 1ère et Terminale. Je la refuse durant un an puis je l'accepte finalement. A l’époque 1986-1987, aucune prise en charge par la SS de ce type de traitement. Ce n’est que grâce à la volonté forcenée du chef de service du CHU de Toulouse qu’un certain (petit) nombre de pompes est mis à disposition, coût pris sur le budget général du CHU. Il n’y avait que deux endroits en France où cela était proposé, l’Hôtel-Dieu à Paris et le CHU de Toulouse. Démarrage avec une pompe en Septembre 1987. Je n’ai plus quitté ce mode de traitement depuis. Il m’a été proposé la pompe implantée mais je ne l’ai pas prise, préférant garder tout la maitrise des choses en cas de souci. Puis avoir dans l’abdomen une réserve de ~2000U d’insuline, pas confiance le JF

Situation trop anxiogène pour moi.
Le sport : Donc, "doté" d’une forte crainte de l’hypoglycémie, quasiment pas de sport entre mes 16 ans et mes 25 ans. Ce n’est qu’à cet âge là où, participant à un stage fait par le CHU et médicalement encadré au CREPS de Toulouse, qu’un verrou a finalement pu sauter. Une fois ce stage terminé, je me suis clairement donné un coup de pied au c** pour continuer un minimum d’activité.
A partir de là, l’activité sportive (déjà essentiellement cycliste) a eu pour unique but de contribuer à l’amélioration de l’équilibre moyen des glycémies. Peu à peu, le temps passant, le virus m’a atteint. J’ai commencé à augmenter les volumes « au pif », n’ayant à ce moment là pas vraiment d’idée de comment faire les choses pour un entrainement un tant soit peu structuré. Et puis,il faut aussi avouer que j’avais déjà pas mal à faire pour la gestion des glycémies

Avec le temps, j’ai accru les choses peu à peu, retournant sur mon terrain de prédilection quand j’étais minot, à savoir la montagne pour ne plus à faire à pied mais en VTT. Un apprentissage des choses émaillé de quelques soucis divers mais logiques (hypos, hypers, décollement du cathéter avec l’effort,…). De là, découle le fait que je ne pars jamais léger (eh ouais, je suis par nature hors charte de ce forum

). J’ai toujours dans le Camelbak à la fois de quoi réparer les hypos que de quoi pallier un souci pompe (stylos d’insuline) et bien entendu de quoi mesurer la glycémie. Je ne compte jamais sur personne pour éventuellement me porter assistance (ça aussi, c’est un principe de base important). Bref au bout de quelques années de persévérance et de réflexion sur le pourquoi du comment arrivaient certaines choses au cours d’un effort (aidé en cela par le diabétologue qui avait encadre le stage au CREPS), j’ai eu comme objectif « insensé » de faire le GRC. Cette course a été pour moi un objectif qui a guidé ma pratique durant quelques années avant d’y aller réellement tenter pour la 1ère fois en 2003. Objectif de quelques années parce que quelque part, même si techniquement, je pense bien savoir gérer le diabète (tout restant toujours perfectible bien sur), il n’en reste pas moins qu’il me faut reconnaitre que quelque part, je ne l’ai jamais totalement accepté. Et que ce défi était une sorte de bagarre contre ce fort encombrant compagnon de vie. Et si je mets des guillemets à insensé, c’est parce que lorsque j’ai commencé à en parler, bien que me connaissant, les médecins étaient plutôt (franchement :mrgreen : ) sur la réserve.
Depuis cette 1ère participation, de l’eau a coulé sous les ponts pour tous.
Pour moi à mon niveau où :
1. je me suis amélioré au niveau de la gestion d’un tel effort (lors de ce 1er essai, j’avais été coincé 2 fois 10 minutes par deux bonnes hypos).
2. je me suis amélioré en acquérant les expériences sur plusieurs circuits marathon.
Pour le corps médical dans le sens où :
1. Ils sont aujourd'hui classiquement, pour des choses de cet ordre, beaucoup plus ouverts.
2. L'amélioration du matériel (pompes) et du profil d'action des insulines que l'on met maintenant dans les pompes.
De manière synthétique, j’estime que pour ce qui me concerne qu’avant de tenter un « gros truc » VTT pour la première fois avec une prise de risque que j’estimais acceptable à mes yeux (soit en clair, pas nul mais proche de 0), cela m’a pris environ 5 ans d’apprentissage du mode de fonctionnement de mon organisme avec le diabète.
Voilou un peu mon expérience.