Je rebondis sur ce point et notamment parce que ça concerne beaucoup le matos des pros et ce site en général : je n'ai jamais compris pourquoi le règlement UCI est aussi "castrateur" techniquement. Hormis les évidents problèmes de sécurité (et les potentiels apports de "puissance externe" : mini moteurs etc.), il n'y a pas de raison valable, hors lobbying ou obscurantisme, à limiter les avancées techniques quelles qu'elles soit.
Il y a le fameux argument de l'égalité des chances face à l'argent, mais je le réfute évidemment en bloc, tant il est évident à tous les niveaux, que celui qui a plus de moyen s'en servira dans d'autres domaines s'il ne peut pas l'investir directement dans le matériel (entrainement scientifique, acquisition de données, stages en altitude au Boukistan, "compléments alimentaires"

etc.).
Les limites dimensionnelles (géométrie, cadre losange, hauteur des tubes

) me semblent aussi complètement idiotes, dans la limite évidente de ce qui doit rester semblable : je veux dire que bien sûr on ne peut faire rouler des vélos couchés ou des guidons de VTT de 680mm dans un peloton. Mais quelle serait le problème à avoir un bec de selle plus avancé ou un cadre en z (époque Indouraïne

) ?
Il a aussi été question un temps d'interdire le matériau titane pour les cadres. Je crois que ce n'est plus d'actualité, mais quelle belle preuve d'absurdité à l'époque, quand on voit le prix d'un cadre carbone haut de gamme, qui équipe désormais l'intégralité de peloton.
Bref, le vélo est de fait un sport mécanique, il nous passionne pour cette raison autant que pour l'effort intrinsèque. Or cet aspect est aujourd'hui tellement occulté médiatiquement, en tout cas dans la vision globale que l'on a du sport de compétition, que les performances surréalistes des athlètes sont systématiquement soupçonnées de dopage, alors qu'il est technologiquement possible de grappiller des grosses secondes avec une positions, des roues, une aérodynamique etc. On compare les temps de Wiggo et Vroome avec des Pantani, Ulrich ou Armstrong de la belle EPOque

, et on s'offusque de performances semblables, alors que ces types grimpaient avec des boulets en alu de 8kg (j'exagère, mais on se comprend). Pour moi, entre un alu optimisé à 6.8kg de l'époque et un carbone actuel de 6.8kg, lesté (donc roues beaucoup plus légères et rigides) et "informatisé" (SRM : gestion de l'effort scientifique et en direct), la différence dans le Ventoux se compte en minuteS, pour n'importe quel coureur.
Je pense que libérer les vélos techniquement permettrait :
- de franchement rafraichir l'image du vélo, en offrant des différence d'abord visuelles, qui donneraient un peu de grain à moudre au journalisme sensationnaliste
- de la même façon, d'atténuer la prééminence du dopage dans l'analyse et le commentaire des nouvelles performances
- de donner un peu plus de chances à certaines équipes grâce l'intelligence technique, vs. la stratégie du rouleau compresseur (verrouillage des courses et attentisme) et la médecine
- de la même façon d'offrir une alternative à la tentation du dopage, en mettant au profit de l'innovation l'imagination débordante dont usent certains pour contourner les contrôles
Bref, d'accord, pas d'accord ? A qui profite le crime ?
